
L’histoire secrète de Tiwanaku
enrichit le sujet de ce livre.
TIWANAKU, LA PLUS MYSTÉRIEUSE DES CITÉS PRÉ-COLOMBIENNES D’AMÉRIQUE DU SUD.*
Voici le lien vers l’article :
Tiwanaku, la plus mystérieuse des cités pré-colombiennes (unsacsurledos.com)
De tous les sites archéologiques que nous avons pu visiter, celui de Tiwanaku (ou Tihuanacu ou Tiahuanaco), en Bolivie, est sûrement le plus étrange de tous !

Il était une fois…
Tout commence, pour nous autres européens, avec les conquistadors qui débarquèrent dans ce Nouveau Monde et découvrirent la ville de Tiwanaku. Mais étrangement, cette cité était déserte. Qui vivait ici ? Pourquoi les peuples locaux l’ont-ils abandonnée ?
Les paysans de la région à l’époque étaient unanimes : ce ne sont pas eux qui l’ont construite, elle existait déjà depuis longtemps et ils ne l’ont jamais vue habitée.
Panorama de l’Altiplano, Bolivie,

Le mystère se renforce et persiste encore de nos jours : les archéologues, après plus de 150 ans de fouilles, ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord pour dater la cité de Tiwanaku. Certains affirment qu’elle date d’il y a 4.000 ans, et d’autres pensent qu’elle est bien plus ancienne : 8.000 ans ou plus !
Tiwanaku : un vent de mystère
Située dans l’Altiplano bolivien, une des plus hautes régions habitées du globe, à 4.000 mètres d’altitude, la cité de Tiwanaku est perdue au beau milieu d’une plaine désertique, balayée par les vents. C’est d’ailleurs non loin de là que les Espagnols avaient décidé de bâtir la capitale ; mais il ne leur fallut que quelques jours pour se raviser et choisir l’emplacement que l’on connait aujourd’hui à La Paz, dans une cuvette protégée du climat rigoureux et du gel nocturne.
Lorsque l’on marche sur ce site millénaire, une ambiance particulière se fait sentir : la richesse du passé et des énigmes qui l’entourent est palpable. Le site archéologique de Tiwanaku est sans doute celui qui nous a le plus marqués jusqu’à présent tant il est énigmatique.
Il ne laisse jamais ses visiteurs indifférents : certains, comme nous, tombent sous le charme de son mystère, d’autres n’y voient qu’un tas de pierres dépareillées. Et je peux comprendre cette seconde réaction, car le site de Tiwanaku en a vu de toutes les couleurs. J’en parlerai dans un prochain article.
Une civilisation précolombienne pas comme les autres
Lors de nos voyages au Pérou, nous avons appris que les Incas n’avaient vécu qu’un siècle. Un siècle c’est peu finalement ! Surtout si on les compare aux Tiwanaku, qui auraient vécu au minimum 27 siècles !

Mur typique inca, Cuzco, Pérou
Mais revenons aux Incas : pour atteindre un tel niveau de maîtrise technique (entre autres en architecture) en si peu de temps, ils ont conquis un immense territoire. Et plutôt que d’exterminer les populations sur leur chemin, ils les ont « englobées ». Les Incas sont ainsi la fusion des savoirs des différentes civilisations de l’époque.
Mais un mystère demeure (un de plus !) : de toutes les civilisations rencontrées au Pérou, aucune n’avait été capable de tailler des pierres comme l’ont fait les Incas. D’où leur vient donc ce savoir ?
Dès les premiers pas sur le site de Tiwanaku, le mystère s’éclaircit : les murs sont conçus comme ceux que nous avons pu voir à Cuzco, à plus de 500 km de là. Ainsi, nous pensons sans réserve que les Tiwanakus figurent parmi les ancêtres des premiers Incas.
Et il y a plus impressionnant encore : certains blocs possèdent des gravures de portes et fenêtres qui ressemblent étrangement au design inca, mais retourné.

Gravure d’une porte au style inca inversé

Porte Inca

Porte inca à double embrasure, Cuzco
L’impressionnante technique de pointe de Tiwanaku
Vous voulez voir ce qu’un peuple primitif, qui n’aurait pas découvert la roue, est capable de faire ? Suivez le guide, vous ne serez pas déçus !
Voici le top 8 des prouesses techniques de ce peuple.
Des charnières… mais toujours pas de roue ?
Peut-on m’expliquer comment on peut être capable de concevoir des charnières, comme celles que nous retrouvons sur nos portes actuelles, sans connaitre ni inventer la roue ? Cela prouve une fois de plus, selon moi, que nos connaissances sur l’Histoire de l’Humanité ne sont que des théories, et que toute théorie doit être remise à jour et reconsidérée de temps à autre.

Parce que oui, comme je l’ai dit concernant la Porte du Soleil, les Tiwanakus avaient des charnières. D’ailleurs, nous suspectons les Incas d’avoir inventé un mécanisme pour leurs portes un peu plus sophistiqué qu’un système d’attaches immobiles, imaginé par les archéologues… Mais c’est une autre histoire.
Des pierres solidaires
J’aime les vieilles pierres, je ne m’en cache pas, et ceux qui suivent mon blog savent que je peux rester pendant des heures à admirer ces vestiges du passé. Mais celles de Tiwanaku ont un petit quelque chose en plus… Ces blocs de pierre s’assemblent avec une précision incroyable : ils se juxtaposent sans laisser le moindre espace, on ne pourrait pas y glisser une feuille de papier. De plus, ces pierres ne sont jointes par aucun mortier. Le secret ? Des attaches métalliques intégrées dans les blocs. Et devinez où se retrouve cette technique astucieuse ? Tout juste : chez les Incas ! Certaines de ces jointures, gravées dans la pierre, intègrent même trois dimensions ! Ces systèmes d’attache tridimensionnelle sont vraiment impressionnants. François reste impressionné par leurs ronds : ils sont parfaits : parfaitement circulaires, parfaitement lisses…




Les mégaphones de pierre
En arrivant aux abords des remparts de la place principale de la cité, nous découvrons d’étranges blocs de pierre.

Pierre, technologie, mégaphone, Tiwanaku, Bolivie
Un mégaphone en pierre
– « Vous savez ce que c’est ? », nous demande notre guide.
Nous restons tout penauds : aucune idée. Il se met alors à parler au travers du bloc, le résultat est impressionnant : pour sûr, à l’autre bout de la cité, nous aurions parfaitement entendu son message. Nous avons devant nos yeux l’ancêtre du mégaphone !
Ces blocs de pierre, percés dans leur centre, copient la forme de l’oreille humaine, ce qui leur confère leur impressionnante efficacité !
Des maquettes
Cela peut paraître moins impressionnant en comparaison du reste… mais des maquettes ?

Maquette, construction, tiwanaku, Tihuanaco, Bolivie
Maquette sur le site de Tiwanaku
Aux abords de la cité se trouve un lieu appelé le « temple des maquettes », où l’on trouve des plans de la cité.
Jamais je n’avais vu quelque chose de semblable en Amérique du Sud.
Cette pratique est généralisée dans l’art tiwanaku :
dans la réalisation de leurs poteries, ils passaient également par des versions miniatures de leurs oeuvres avant de s’attaquer à la taille réelle.
Petit mystère bonus : le lieu « taille réelle » de cette maquette sur la photo n’a pas encore été retrouvé à ce jour… Des amateurs pour creuser ?
Des pierres tranchantes
Les pierres, et particulièrement celles que l’on trouve sur le site de Puma Punku, dont je reparlerai dans un instant, sont coupées à angle droit : c’est net et précis, et les arrêtes sont encore tranchantes comme le fil d’un rasoir (ou presque).
Ces pierres, qui gisent au sol depuis des siècles, exhibent encore fièrement leurs angles parfaits : on dirait qu’elles nous narguent ! Nous ne comprenons pas comment elles ont été conçues, et ne sommes pas capables, avec la technologie qu’on leur prête à l’époque, de les reproduire. D’ailleurs lorsque l’on observe les murs reconstitués, composés en partie de pierres d’origine et de pierres modernes, la différence est flagrante !

Mur reconstitué Tiwanalu, vieilles pierres, nouvelles pierre.
Mur reconstitué : pierres rouges de1.500 ans versus pierres grises de 50 ans

Pierres, Tiwanaku. Pierre aux angles parfaitement droits et aux arrêtes tranchantes
Des poids surréalistes
J’ai déjà parlé du poids impressionnant des pierres constituant certains murs de forteresses incas, mais ici aussi, la taille des pierres a de quoi couper le souffle au plus blasé des touristes : certains monolithes pesant plus de 100 tonnes (comme sur la première photo du point 2). Mais comment ont-ils pu déplacer et travailler des blocs d’un poids pareil ? À nouveau, sans la roue et avec les technologies primitives qu’ils sont sensés posséder, cela nous est juste impossible. De plus, la théorie des rondins de bois pour faire glisser les pierres perd toute crédibilité lorsqu’elle est remise dans le contexte de l’Altiplano : aucun arbre ne pousse à cette altitude !

Puma Punku, pierres géantes, Tiwanaku, jointures metallique
Jointures géantes des monolithes de plus de 100 tonnes à Puma Punku (Tiwanaku)

Tiwanaku, Tiahuanacu Monolithe Ponce (prêtre)
Une précision qui rime avec perfection
Parce qu’une image vaut mieux qu’un long discours, je vous laisse analyser cette photo.

Rigole et perforations : un travail de haute précision
Rigole et perforations
Qu’y voyez-vous ? Une rigole marquée de petits trous. Banal ?
Loin de là ! L’ouvrage possède une précision stupéfiante.
C’est peut-être la pierre qui m’a le plus marquée de toutes : tant de questions me viennent !
Comment expliquer cet alignement de trous ? À quoi servait-il ? Comment a-t-il été réalisé ?
À notre époque, seuls des lasers ou des foreuses à diamant seraient capables de reproduire un tel savoir-faire dans du granit.
Questionnant, non ?
En bonus : une agriculture à toute épreuve
Vous avez déjà essayé de faire pousser des tomates sur l’Altiplano, où les vents balayent tout et où il gèle chaque nuit ? Et bien eux oui !
Les Tiwanakus possédaient une technique efficace et d’une simplicité géniale. En creusant des tranchées, ils ont réussi à éviter la sécheresse (l’eau remontant par capillarité), créer une sorte de serre naturelle (la chaleur du jour étant emmagasinée et redistribué la nuit tombée) et à protéger la récolte des vents violents.
Mais ce n’est pas tout : ce système génère au bout de quelques années un engrais naturel extrêmement efficace, qui permet à la Bolivie de rester sur ses positions et ainsi de refuser d’utiliser OGM et engrais chimiques, tout en étant compétitive sur le plan mondial (avec même un record mondial de 42 tonnes par hectare sur l’année 2012).
D’ailleurs les lignes de ces cultures sont visibles en vue aérienne, au nord de Tiwanaku : impressionnant !
Techniques de pointe mystérieuses, mais ce n’est pas tout …
Tiwanaku, au-delà de susciter de vives réactions auprès de ses visiteurs, intrigue a plus d’un titre : il n’y a pas que ces vestiges, preuves d’une technologie de pointe utilisée par une civilisation avancée, qui marque les esprits …
Cet Article illustre parfaitement ce qui est développé dans ce livre.